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Automatisation de l’alimentation - Au Gaec des châtaigniers, les points de TP gagnés remboursent le robot Kuhn TKS

A La Pouëze dans le Maine-et-Loire (49), le Gaec des châtaigniers est le premier élevage français à installer un robot d’alimentation FeedRobot System TKS de la marque Kuhn. En fonctionnement depuis le mois de juin, les éleveurs sont agréablement surpris par les gains de performances laitières.

Lorsqu’ils se sont retrouvés à deux sur leur exploitation, Stéphane et Jean-Yves Barbot ont préféré automatiser l’alimentation plutôt que la traite de leurs 70 vaches laitières. « Notre ancienne mélangeuse était à renouveler. Nous avons d’abord réfléchi à faire une Cuma automotrice et puis nous avons regardé pour automatiser entièrement l’alimentation avec des silos tours. Mais le chiffrage du coût de trois silos tours et d’un robot d’alimentation nous a dissuadés », se souvient Stéphane installé avec son frère Jean-Yves depuis cinq ans.

Les éleveurs angevins souhaitaient une solution simple avec un espace de stockage des aliments (appelé "cuisine") le plus compact possible. Les éleveurs découvrent le "System TKS" au Space, un robot d'alimentation conçu par l’entreprise norvégienne TKS et commercialisé par la marque alsacienne Kuhn. Ils partent alors visiter des exploitations équipées aux Pays-Bas pour s’assurer de leur choix.

Chargement en vrac au godet

Le System TKS se compose d’une partie cuisine couverte de 70 m2 au sol. Les bottes (rondes ou cubiques) de foin ou d’enrubannage de luzerne sont défibrées et coupées par le "Combicutter", un tapis qui fonctionne comme une pailleuse avec un démêleur à couteaux pour recouper les fibres. Deux trémies de 5 m3 servent de réserves pour l’ensilage de maïs et l’ensilage de méteil versés en vrac par le haut au godet. Même s’ils disposent de deux à trois jours de stockage, les éleveurs chargent l’ensilage tous les jours pour éviter qu’il ne chauffe.

Le wagon de distribution de Kuhn, dit "FeedRobot", est fixé sur un rail et électrifié en parallèle. Ce petit wagon d’un volume de 2,6 m3 (capacité pouvant aller jusqu’à 300 vaches environ) distribue la ration neuf fois par jour au 70 vaches, de 5 h du matin jusqu’à minuit. Il intègre l’ordinateur du système afin de programmer les différentes rations possibles. Le FeedRobot fonctionne en maître-esclave, il vient lui-même se charger en fibres, ensilages et concentrés sous chaque trémie et pèse la quantité d'aliment souhaitée. Le chargement du wagon se fait par couches successives : d’abord le foin, puis le méteil, le concentré et le maïs à la fin. Sous le wagon, deux brosses balaient le sol pour repousser la ration à l’auge toutes les heures.

L'emprise au sol de la cuisine est de 70m2
L'emprise au sol de la cuisine est de 70 m2. A gauche, le Combicutter stocke et coupe les bottes, tandis que l'ensilage est versé dans les deux trémies à droite. (©Terre-net Média)

Robot d'alimentation Kuhn
Le foin, en bottes rondes ou carrées, est coupé, monté par convoyeur puis versé dans le wagon équipé de pesons. (©Terre-net Média)
 

Tremies Kuhn robot
Le wagon Feedrobot vient se placer sous les trémies. Il est soutenu en haut par une poutre IPN  et alimenté électriquement sur le côté. (©Terre-net Média)

Pas de mélange mais davantage de fibres

« Contrairement aux autres systèmes d’alimentation, celui-ci n’a pas de vis de mélange. Il est possible d’ajouter une mélangeuse à poste fixe mais nous ne l’avons pas prise. Nous étions habitués à travailler en ration mélangée et j’avais quelques craintes à distribuer une ration avec des fibres longues disposées en couches sans réel mélange », explique Jean-Yves Bardot. « Et bien, je m’étais bien trompé ! En fait, je me rends compte qu’auparavant nous coupions la fibre beaucoup trop finement. Aujourd’hui, avec de petites distributions très fréquentes, je remarque que moins on met de quantité à chaque fois, moins les vaches trient et plus elles ingèrent de fibres. J’ajoute bien plus de fibres qu’avant, elles ingèrent beaucoup plus et il n’y a pas de refus. Je suis surpris, les vaches sont en meilleur état corporel. Cet été, celles au pic de lactation n’ont même pas maigri alors qu’elles battaient des records de production. »

Les taux sont montés en flèche !

Et le résultat ne s’est pas fait attendre : « Depuis que la machine est arrivée en juin 2015, les taux sont montés en flèche. C’est spectaculaire, à chaque contrôle on gagne des points de TP. Au dernier contrôle, nous étions à 33,3 kg de lait par vache, à 41,3 g de TB et 34,3 de TP », s’étonnent encore les éleveurs qui l’an dernier tournaient plutôt avec des taux moyens autour de 38-32 pour des vaches à 10 300 kg de lait.

« Je peux même dire qu’en plus de gagner du temps et du fioul, nous gagnions de l’argent car les points de taux supplémentaires couvrent largement le remboursement de l’emprunt du robot d’alimentation ! », assure Jean-Yves Barbot. En effet, le point de TP est payé + 6,6 €/1 000 litres, les éleveurs gagnent donc plus de 25 €/1 000 litres supplémentaires par la qualité du lait. Grâce à cela, l’élevage rembourse aisément l’emprunt de 1 000 € par mois, pour un investissement initial qui s’élève à 140 000 euros tout compris.

La ration des vaches laitières

Kg MB/VL

Kg MS/VL

Ensilage maïs coupé haut (> 50 cm)
Enrubannage luzerne ou foin
Ensilage de méteil
Claris booster (Terrena)

Claris performance
Ensil 51
+ Claris Pro au DAC individuel

44,8
3
8,6
2,7
0,25
0,25

1

16,7
1,65
2,99
2,37
0,25
0,25
0,89

Apport total 25,1 kg MS/j
Coût : 3,74 €/VL/j
Production 33,3 kg/j ; TB 41,3 ; TP 34,3
Stade lactation 5,7 mois

Coût de fonctionnement : 250 €/an

« A côté de cela, nous économisons environ 400 heures de tracteur, soit un peu prés 1 600 litres de fioul par an », estiment les frères Barbot. Malgré une distribution neuf fois par jour et la recoupe des fibres longues par le Combicutter, la consommation électrique du système TKS reste très faible. Son coût de fonctionnement électrique est estimé à seulement 250 € par an.

Les éleveurs sont également très satisfaits du gain de temps offert par l’automatisation de l’alimentation : « l’avantage, c’est que nous pouvons remplir les trémies avec de l’ensilage à n’importe quel moment de la journée, dès que nous passons devant avec le tracteur. En général, on recharge quotidiennement en semaine pour éviter que l’ensilage ne chauffe de trop. On peut charger pour deux jours le week-end ou quand il y a beaucoup de travaux dans les champs. »

Le Gaec des châtaigniers a fait appel au concessionnaire Concept élevage (53). Le montage de l’ensemble du système a été réalisé en quatre jours. « Nous n’avons pas de contrat de maintenance. L’entretien de la machine est simple, il suffit de graisser les points de roulement et d’affûter les couteaux de temps en temps. » Ce robot d’alimentation leur paraît robuste et fiable, seules les brosses rotatives sous le wagon ne semblent pas être le point fort du système : « il reste souvent un peu de fourrage qui réussit à passer entre les deux brosses ».

Les génisses en face ?

Sur le wagon, la distribution par tapis peut se faire à droite comme à gauche. C’est pourquoi les éleveurs projettent d’ici quelques mois de construire un bâtiment pour les génisses en face des cornadis des laitières. Le wagon sur rail passera entre les deux et distribuera la ration de chaque côté en fonction de chaque lot. Reste à installer une troisième trémie destinée à stocker de l’ensilage d’herbe, mais pour tout cela, il faut attendre que le prix du lait remonte…

Feedrobot
Le Feedrobot est doté d'un tapis distributeur gauche/droite, ce qui permet de placer les génisses en face des laitières. Le wagon fait des allers-retours le long de son rail, uniquement en ligne droite. (©Terre-net Média)
 

Les deux brosses rotatives repoussent la ration à l'auge toutes les heures.
Les deux brosses rotatives repoussent la ration à l'auge toutes les heures. (©Terre-net Média)
 

ration non mélangée
Le foin en fibres longues n'est pas réellement mélangé à la ration, mais il reste sec, piquant et appétant pour les vaches qui l'ingèrent bien et ruminent davantage. (©Terre-net Média)